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Mes souvenirs à partager: une jeunesse en Afrique Equatoriale Française AEF, Une vie de famille, et la suite...

Tome 1 : (UJA) Chapitre 6 : Premier Séjour à Brazzaville (1950- 1953)

Chapitre 6

Premier Séjour à Brazzaville

(1950- 1953)

A notre arrivée à Brazzaville, nous avons logé pendant quelques jours, deux ou trois semaines peut être, à MPila sur le terrain même de l’atelier de vente de peinture.

MPila est un quartier de la plaine, où se trouve en particulier la « Petite Vitesse ». Il s’agit de la gare de marchandise. Son nom, seul, indique la célérité que l’on peut attendre des envois de marchandises.

Pour comprendre mes prochains commentaires, il convient de décrire schématiquement l’implantation de Brazzaville.

La rive nord du Stanley Pool est sensiblement orientée Est-Ouest, le fleuve Congo s’écoule dans ce sens et juste en aval de Brazzaville, celui-ci s’engouffre dans de bouillonnants rapides dont les vagues atteignent des hauteurs de six à sept mètres, notamment en saison des hautes eaux, en fin de saison des pluies.

La ville s’étant d’Est en Ouest le long de cette rive. La partie Est est ce que l’on appelle la Plaine. C’est dans la Plaine que l’on trouve la poste centrale, les banques, et la gare de Brazzaville, il y a aussi l’école de la plaine que je n’ai jamais fréquentée. Plus à l’Est, vers l’amont du Fleuve, C’est le quartier de Mpila, de la petite vitesse, Quartier dans lequel se trouve la « SVP » Société de Vente de Peinture, société créée par les pieds nickelés de l’équipe Bourgaud !

Au niveau de la Plaine, vers le nord, s’étend la ville africaine de Poto Poto. On y accède depuis le fleuve par une avenue qui franchie la voie ferrée et laisse sur la droite Notre Dame du Congo, la grande basilique qui est jouxtée par un grand stade. On en reparlera.

Depuis la Plaine, en circulant vers l’aval du fleuve, on passe par une zone de transition en pente où se positionnent notamment le palais du gouvernement, la Piscine, l’hôpital central qui est déjà sur le Plateau.

En progressant toujours vers l’Ouest, on est sur le plateau. Au-delà de l’hôpital central, on trouve la Paroisse saint François, derrière laquelle se trouve l’Ecole du Plateau, face au club hippique, juste avant le stade Marchand.

Au-delà, toujours vers l’ouest, sur le plateau on emprunte la route de Bacongo, la seconde ville africaine. A ce propos, les populations noires de Poto Poto et de Bacongo ne sont pas strictement mélangées, les Laris et les Mbochis se distribuent préférentiellement dans l’un et l’autre de ces deux villages. Le « village » est la ville africaine, rares sont les européens qui habitent dans le village, de plus les villages, qu’il s’agisse de Poto Poto ou de Bacongo sont des villes noires avec une population très supérieure en nombre à celle de la ville blanche.

La route de Bacongo tourne vers la gauche s’orientant vers Bacongo lui-même et vers la « Case de Gaulle », haut lieu qui commémore, la glorieuse époque, sept ou huit ans plus tôt, où le général avait fait de cette ville la capitale de l’Empire Français ralié à la France Libre…

En allant tout droit, en laissant donc Bacongo sur la gauche, c’est la route du Djoué que l’on emprunte. Immédiatement à gauche on laisse les bâtiments blancs du Lycée Savorgnan de Brazza, sur la droite c’est, derrière les matitis (grandes herbes, plus hautes qu’un homme debout) ce sont les bâtiments de l’Institut Géographique National et les casernements du camp militaire.

Toujours vers l’Ouest, deux à trois kilomètres plus loin, on voit sur la gauche l’aviation militaire ; l’aéroport civil étant maintenant installé à MayaMaya, dans le nord du Plateau.

Face à l’entrée de l’aviation militaire, il y a au-delà de la route du Djoué, un étroit chemin mène au « camp des évolués ». Il s’agit d’un lotissement d’une cinquantaine de cases où nous vivront au cours de ce premier séjour.

*

* *

Donc, dans le tous premiers jours de notre séjour nous logeons à Mpila dans les petits locaux annexes du magasin de la SVP.

L’un des beaux frères de Roger Bourgaud, avec sa très grosse femme et ses trois ou quatre marmots habitent dans une case à Bacongo, au milieu du village.

Les Bourgaud et les Guitard occupent très vite des cases voisines au camp des évolués.

Avec le recul, je trouve que cette case, aux évolués, était un chouette logement. On entre dans un séjour à peu prêt carré qui distribue sur la gauche deux chambres et sur la droite

Tome 1 : (UJA)  Chapitre 6 : Premier Séjour à Brazzaville  (1950- 1953)

vers la chambre des parents et la salle de bain. En face sur le mur du fond, une fenêtre ouvre sur la cour arrière, à laquelle on accède par une porte percée sur la gauche de ce mur.

En sortant à gauche sur la cour, une première pièce

est dédiée à la cuisine, la suivante est la boyerie et sur l’arrière se trouve le bassin. Face à ses pièces extérieures se trouve le poulailler qui ferme la cour.

Le tout est implanté dans un jardin, qui pour des explorateurs de notre âge, était un vaste jardin. De tout cela je vais tenter un croquis.

Les premiers mois se sont passés avec un mobilier de fortune, constitué des caisses et divers emballages bois ayant notamment servi au transport des bagages venus de France, avec nous en bateau. Table, chaises, coffres à vêtement sont autant de caisses en bois de récupération.

Le soir tombé, il fait nuit à six heures tous les soirs de l’année et le jour se lève invariablement à six heures du matin. J’apprendrai plus tard que cela est du au fait que Brazzaville est pratiquement sous l’équateur, 5 degrés de latitude sud. En conséquence, tous les jours de l’année sont des équinoxes. (ce détail à valu à Marion une discussion cocasse avec un de ses instituteur en France (ou trice !) après notre retour du Cameroun, trente ans plus tard).

Le soir tombé, donc, nous nous éclairons les tous premiers jours avec des bougies.

Très rapidement, le monde moderne est entré dans notre case (une case est le terme générique désignant une maison individuelle, qu’il s’agisse d’une paillotte au village, ou d’une villa cossue d’un fonctionnaire, ou de la maison de petits blancs telle que celle que nous occupons). La cuisine s’est vue équipée très rapidement d’un, puis de deux réchauds à pétrole. Une fois le réservoir rempli de pétrole, il fallait actionner frénétiquement la pompe du réchaud pour mettre celui-ci sous pression, puis après avoir craqué une allumette, tourner le robinet pour libérer une flamme vivace.

La poêle ou la casserole devait rester en équilibre incertain sur ces réchauds instables. Combien de fois avons-nous trouvé astucieux que la cuisine soit extérieure à la maison ! Cela a évité tellement d’incendies de l’essentiel… Notre mobilier en caisses de bois !

Progressivement, les lampes tempête fumantes et crasseuses de suie, aux verres toujours sales et souvent fendus, ont était remplacées par des lampes à manchons. Les lampes à manchons étaient pour une part, tout à fait comparables aux réchauds à pétroles : un réservoir à remplir de pétrole, muni d’une pompe pour mettre le réservoir sous pression. La différence tient au bruleur qui n’est plus un diffuseur de flamme pour assurer un foyer circulaire, mais une source de flamme qui diffuse le pétrole vaporisé dans un manchon de coton blanc, lequel, quand tout va bien, se transforme en une boule de lumière emprisonnée dans un verre cylindrique.

La grande difficulté est d’assurer la première mise en route d’un nouveau manchon, en effet si ce démarrage est correctement réalisé, le manchon de coton se transforme en un treillis blanchâtre sphérique de la taille d’une balle de ping-pong. Ce petit ballon de dentelle est malencontreusement extrêmement fragile et le moindre choc sur la lampe, à l’occasion de l’un de ses multiples transports d’une chambre à l’autre, vers la cuisine ou vers la salle de bain, provoque trop souvent un dommage irréversible imposant une nouvelle cérémonie du changement de manchon. Et de temps en temps, la réserve épuisée, le manchon de rechange est indisponible. D’où retour à la lampe tempête !

Quelques mois plus tard, une nouveauté pénètre notre case !

Chez Roger d’abord, qui habite une case voisine, une armoire de conservation des aliments fait son apparition. Un réfrigérateur…

Il s’agit de réfrigérateurs à absorption dont le fonctionnement implique la permanence sous le bouilleur d’une petite flamme. Là encore le pétrole est la source d’énergie de base. C’est maintenant que je réalise combien l’introduction de cet outil dans notre maison fut une révolution pour nos conditions d’alimentation. Sous ces fortes chaleurs, saturées en humidité, il fallait consommer rapidement les produits frais et à défaut s’alimenter avec des conserves…

Il est maintenant clair que ce n’était pas la panne d’électricité qui était à craindre. Nous n’avions pas d’électricité. Le péril était de ne plus avoir de pétrole dans la dame-jeanne… Car alors, plus de lumière, de cuisine, de frigo…

*

* *

La vie à la maison était très simple, Loulou et moi avions nos lits dans la première chambre. Autant que je me souvienne, il s’agissait de lits pliants métalliques sur lesquels étaient mis, en guise de matelas, un sac rempli de feuilles de maïs en guise de matelas. L’une des raisons évoquées à la rusticité de ces grabats était le fait que Loulou pissait assidument toutes les nuits dans son lit. Il fallait donc périodiquement changer ce qui lui servait de matelas. Bien noter que le maïs pousse facilement, mais qu’il y a tout de même des saisons pour la récolte et donc des saisons pour récupérer les enveloppes des épis de maïs qui constituaient l’essentiel des bourres de nos matelas. Parfois donc le matelas de Loulou qui aurait mérité d’être renouvelé, faisait l’objet de prolongations, pas toujours odorantes.

Bien sûr, sur chacun de nos lits pendait la moustiquaire individuelle qui était soigneusement bordée par maman chaque soir au moment de dormir.

Autre détail, qui me revient, les fenêtres de la maison étaient équipées de volets à persiennes qui assuraient une ventilation efficace. Ces volets étaient mobiles, les charnières étaient fixées sur la partie supérieure. Pour ouvrir le volet on utilisait un bâton de bois, disponible auprès de chacune des fenêtres, qui était placé entre le milieu de la base du volet et le milieu de la base maçonnée de l’encadrement de fenêtre. A cette époque mythique, il n’y avait point de grille verrouillant les fenêtres, il n’y avait d’ailleurs pas de voleurs dont ont eu une peur latente. Les rares vols faisaient l’objet de commentaires sporadiques. Le sentiment général était une grande sécurité.

Maman, Petit Loulou et Moi!

Maman, Petit Loulou et Moi!

Le jardin est périodiquement occupé par des plantations de maïs ou d’arachides que viennent installer les femmes du petit village voisin. Quelques paillottes sont en effet implantées à quelques centaines de mètres au fond du chemin qui passe devant la maison et distribuées le long d’un ruisseau où nous irons barboter avec Génie et Serge, au grand dam de nos parents.

Nous vivons à la maison presque nus, portant un simple short et une paire de sandales. Toutefois, à cette époque, il était hors de question de sortir sans porter un chapeau pour s’abriter du soleil. Le casque colonial en liège fut la coiffe des premiers mois qui fut rapidement remplacée par le feutre qui faisait plus Cow-boy !

A cette époque là, nous ne pouvions pas nous habituer aux boys, cuisiniers ou « lavadaires » qui, plus tard, vivront quasiment avec nous dans la maison. Non, dans ces premiers mois, maman en changeait quasiment journellement. Ils étaient, sales, fainéants, voleurs … Ils avaient tous les défauts ! L’inconnu est stressant… Heureusement, cela changera plus tard.

*

* *

L’activité principale, pour des enfants de notre âge, est l’école. On y va assez tôt le matin, vers 8h00 et les cours finissent vers 13h 00. C’est le régime de la journée continue.

J’entre pour ma part au CE2.

Chose importante, pour rejoindre l’Ecole du Plateau, chaque matin, nous prenons un ramassage scolaire qui vu d’aujourd’hui, peut sembler particulier.

Tome 1 : (UJA)  Chapitre 6 : Premier Séjour à Brazzaville  (1950- 1953)

Le véhicule de ramassage est un camion Hotchkiss PL20, semblable à celui-ci. La benne à l’arrière est aménagée de quatre rangées de sièges, le tout couvert d’une bâche. Autant que je ne souvienne, ce transport est de couleur foncée,

bleu marine très probablement. L’important est l’équipage de service composé de deux personnes typiques.

Un grand noir débonnaire assure la conduite, il est pour nous quasiment l’homme tronc que nous ne voyons qu’au volant du véhicule.

Le second est un petit vieux à moustache portant une saharienne blanche sur un pantalon noir et coiffé d’un casque colonial d’un blanc immaculé. De la poche de poitrine gauche de la saharienne, dépassent un petit carnet et deux crayons. Ce sont les outils de la répression.

Notre accompagnateur de plateau est assis en haut de l’échelle qui permet de monter dans la benne. Il est seul habilité à ouvrir et fermer la chainette qui assure la sécurité en haut de l’échelle. En deux ans, il n’y a jamais eu d’accident corporel…

Tout le monde peut imaginer, les chants, les cris et les les bêtises qui ont pu émailler ces voyages bijournaliers qui nous conduisaient vers l’école du plateau, située à quatre ou cinq kilomètres de l’arrêt, du bout de notre petite rue. Dans les cas les plus graves, très exceptionnellement, ces manifestations étaient soigneusement consignées dans le petit carnet, à l’aide d’un crayon dont le pointe était laborieusement portée à la bouche par notre accompagnateur pour assurer une écriture lisible (Elles ne sont pas encore là, les pointes Bic !). Ces rapports n’ont à ma connaissance jamais débouchés sur une quelconque sanction. Le geste suffisait à nous ramener dans le droit chemin, à retrouver notre calme.

Les deux membres de l’équipe étaient naturellement respectés, ils savaient lire et écrire, c’étaient des évolués, d’ailleurs, la preuve, ils portaient l’un et l’autre des chaussures!

De l’école, CE2, CM1 puis CM2, je n’ai plus de souvenirs marquants. Chaque jour commençait par mon supplice, « la dictée ». C’était le zéro assuré, car je n’ai jamais pu faire moins que les cinq fautes fatidiques. C’était la routine, sans surprise.

Heureusement juste après il y avait « les questions » où il s’agissait de démontrer qu’à travers la Grammaire, nous savions dépecer cet affreux texte ayant fait l’objet de la dictée. Là, c’était quasiment le dix sur dix assuré. Voilà comment, au cours de ces années, j’ai réussi à ne pas me laisser submerger par le Français.

Pour la suite, calcul et mathématiques, j’étais mis au fond de la classe avec un ou deux élèves, où nous recevions des sujets de problèmes un peu plus compliqués que ceux sur lesquels le reste de la classe s’escrimait laborieusement. C’était nos mots croisés à nous. On pouvait ainsi jouer pendant la moitié de la journée.

Cahier du jour d’Yves Danto, 29 octobre 1952

Cahier du jour d’Yves Danto, 29 octobre 1952

Cheftaine Nardeux, je suis troisième à partir de gauche au premier rang. Avec le chapeau de scout Serge Bourgaud!

A propos de dictée, l’usage était de passer notre cahier du jour à notre voisin de table, l’un corrigeant la dictée de l’autre.

Cinquante huit ans plus tard, un ami Yves Danto, Professeur comme moi à l’Université de Bordeaux m’a envoyé la copie de la double page d’un de ses cahiers du jour, sur laquelle figurait mes nom et prénom comme correcteur de sa dictée…

Yves a été, dans les années 1993-1994 mon instructeur de navigation lors de la préparation de mon brevet de pilote d’avion. Nous avons passé quelques dizaines d’heures dans le cockpit d’un DR 400. Un jour, nous avons découvert que nous avions du être ensemble en CM2 à Brazzaville, peut être dans la même classe !

Et, voici le Email que j’ai reçu le 31 octobre 2010

, Salut Daniel

Alors, retraite super active?... on en profite tant qu'on peut

On ne te voit plus beaucoup sur LFCS (base de Saucats), j'espère que la santé est OK

Tu te souviens qu'on avait identifié un passage commun à Brazza.

Par hasard je suis retombé sur un cahier de la 7ème ....où tu m'as corrigé une dictée!!! (on devait faire des corrections croisées sans doute)

C'était le 29 Octobre 1952, on était donc bien dans la même classe!!

Amitiés

Yves

En face de l’Ecole, il y avait le club hippique…

Que de fois, en attendant l’arrivée de la navette, avons-nous regardé avec envie, à travers les petits trous de la palissade, ces cavaliers, bottés et casqués, tourner et tourner encore dans le cercle de sciure, aux ordres d’un maître de manège criard qui faisait tournoyer sans cesse une chambrière agressive.

Je me suis bien vengé de ces envies cavalières, bien plus tard dans les forêts de pin avec GENTA.

Nous y reviendrons vingt ans plus tard à la ferme du Bon Jacques…

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Le second pôle de vie, au cours de ces deux années, était pour moi la Paroisse Saint François (d’Assise).

Le jeudi après-midi, me semble t-il, était consacré au scoutisme. J’ai découvert avec ferveur les « Louveteaux ». Très rapidement, je me suis retrouvé en position de sizenier, avec autant d’insignes et de flots colorés que possible sur les manches, sur le béret, sur le fanion de sizaine, partout, j’adorais ça !

Je fus très vite platoniquement amoureux de la cheftaine en second, blonde aux yeux bleus, à la poitrine ronde serrée par les ficelles du sifflet soigneusement rangé dans la poche de poitrine de sa chemise bleue. C’était une walkyrie inaccessible, Odile Weiss, alsacienne, comme son nom l’indiquait.

La Cheftaine principale était mademoiselle Nardeux, beaucoup, beaucoup plus âgée que cheftaine Odile, elle devait avoir au moins trente ou trente cinq ans… C’était l’autorité, la garante des principes du scoutisme et de la religion. Pas fondamentalement marrante à mes yeux, Mais, méritant à coup sûr le plus profond respect./ Je la retrouverai trois ou quatre ans plus tard à Pointe Noire comme professeur de français au collège Victor Augagneur. Il ne s’agira point alors de scoutisme ou d’évangiles, mais plus prosaïquement de fautes d’orthographe dans les dissertations. Et puis ce ne sera plus Mademoiselle Nardeux, mais Madame Sergent (je ne suis pas sûr…) épouse du Surveillant Général…

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* *

Le samedi après-midi, c’était « Patronage » à Saint François.

Le responsable de toutes les activités à Saint François est le Pére Lamouraire, géant rouquin au torse immense et la force du lion et la robustesse du chêne. En ville, sur la paroisse, il est dans sa soutane blanche ceinturé par sa logue corde noire, avec un crucifix discret pendu à son cou. C’est l’autorité.

La présence active c’est le Frère Jean, qui coordonne les interventions des autres « frères », séminaristes occasionnels qui contribuent à l’encadrement de notre petite tribu.

Quand il y a un simple après-midi de patronage à la mission Saint François, ce sont les uns ou les autres qui font fonctionner les appareils de projection, image par image, avec commentaires et/ou lecture de ces innombrables rouleaux de pellicules narrant la vie des mille et un saints, religieux et martyrs qui peuplent l’imaginaire d’un bon chrétien… (Notez que j’ai récupéré le fond de commerce de l’Oncle Charles en ce domaine, lequel végète bien évidemment dans mon grenier (le fond de commerce, pas l’oncle Charles), jusque et y compris la lanterne magique adéquate).

A d’autres moments, ce sont des jeux, parfois très physiques, qui sont organisés sur le territoire de la mission. Je me souviens par exemple d’un descendeur qui nous faisait dévaler sur un câble depuis le haut d’un majestueux flamboyant, jusqu’à la fosse de sable du saut en hauteur. C’était facile à faire, à condition de suivre scrupuleusement les instructions de Frère Jean. A deux ou trois mètres du buttoir de fin de course, il fallait, quasiment à pleine vitesse, lâcher le trolley et effectuer un roulé-boulé dans le sable du sautoir. En général, cela marche, mais il est toujours rigolo de voir ce qui arrive à ceux qui oublient de lâcher avant …

Une à deux fois par mois, il y a « sortie », pour une journée et parfois même pour plusieurs jours. Il s’agit de sorties en brousse près et parfois très loin. Vous allez voir.

*

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La mission (St François) disposait d’un gros camion citroën, un P45. C’est sur le plateau de ce camion que jeunes, accompagnateurs, sacs individuels et provisions de voyage s’entassaient au cours de nos différentes escapades en brousse.

Le patronage à la mission de … je ne sais plus !

Le patronage à la mission de … je ne sais plus !

Nous, sur la photo ci-jointe, c’est la trentaine de jeunes (blancs) accompagnés par le père Lamouraire (en haut qui porte un enfant sur son épaule) et du frère Jean (au dernier rang 3ème à partir de la droite).

Il y avait certainement un 3ème accompagnateur. Sur la photo on peut voir, trois pères blancs qui portent la barbe et deux chères sœurs qui sont coiffées comme des infirmières. Les enfants noirs sont de la mission où nous sommes en visite. L’avant du fameux P45 est visible sur la droite de l’image. Quand à moi je suis juste au dessous du frère Jean et du mon Pelau barbu, je suis déjà affublé de mes sempiternelle lunettes.

Ces sorties sont effectuées au cours d’une journée dans des sites proches de la ville. Par exemple nous allons nous baigner sur les rives du Djoué. En d’autres occasions, pour des voyages de plusieurs jours, nous allons de mission en mission sur le territoire du Moyen Congo. Kinkala, Mindouli, Baratier, Km 45, plateaux Batékés et même jusqu’à Ouesso aux confins du Cameroun, du Moyen Congo et de l’Oubangui-Chari (aujourd’hui on dirait « du Cameroun, de la République Populaire du Congo et de la République de Centre Afrique…).

Nous étions accueillis dans chaque mission par les pères blancs et les Chères Sœurs, pour un repas, une nuit…

A la mission de Kinkala, si ce n’est de Mindouli, j’ai le souvenir de particularités. Devant le parvis de l’église il y avait au milieu d’un cercle de pierres soigneusement rangées, deux tubes rouillés qui dépassaient du sol et faisaient l’objet d’attentions révérencieuses. Il s’agissait, selon la légende, de deux fusils, l’un de Pierre Savorgnan de Brazza et l’autre du Roi Makoko, enterrés là en guise de témoignage du traité de paix reconnaissant une certaine alliance du peuple Batéké et de la France.

Une autre fois, nous avons été sur les plateaux Batéké , vers le nord, dans le village du Roi Makoko. Le roi du moment était une vieille Reine, la Reine Galifourou, fille de celui qui avait accueilli de Brazza en 1880. Dans mon souvenir, l’approche de ce village s’était faite à pied, le long du lit d’une paisible et très belle petite rivière, d’une eau particulièrement claire, qui cheminait nonchalamment sous le couvert d’une forêt galerie. Le soleil arrivait à percer cette voute végétale et illuminait une myriade de papillons de toutes couleurs qui voletaient ça et là. C’était très beau !

De cela j’ai un clair souvenir, par contre les mornes alignements de cases grisâtres, en potopoto, couvertes de palmes, et la silencieuse assemblée de notables de la chefferie, en boubous ternes et délavés ne n’ont pas marqué plus que cela. J’aurais l’occasion, beaucoup plus tard, d’être accueilli dans des chefferies beaucoup plus brillantes et je crois prestigieuses.

Dans ma jeunesse, j’ai toujours cru que le Roi Makoko était un homme en particulier, roi du peuple Batéké ou Téké. Quarante ans plus tard, en mission au sud Gabon, particulièrement à Franceville, ville du présidant Omar Bongo, J’ai réalisé que le foyer des Batékés commençait là sur les plateaux de Franceville (Masuku) et s’étendait vers le sud, à travers les plateaux Batékés, jusqu’au fleuve Congo.

Savorgnan de Brazza lors de l’une de ses explorations avait tenté de remonter l’Ogooué pour atteindre le fleuve Congo. La comptine que j’ai apprise à cette époque est instructive à ce propos :

« Ah, Ah, Ah,

Hourra pour de Brazza,(bis)

L’Ogooué il remonta,

sur Lalima échoua ;

C’est par la Léfini

qu’au Congo il aboutit. »

Quand au Roi Makoto, c’est en fait d’un « Makoko » qu’il faut parler. Un Makoto est un Roi Batéké. De mon temps 1952-53, il s’agissait de la Reine Galifourou qui était le Makoko du moment. Galifourou avait plus de quatre vingt ans en 1952, ce qui signifie qu’elle était enfant lors de l’arrivée de Savorgnan de Brazza…

Dans cette même mission, au cours de l’un de nos multiples voyages, le père Lamouraire nous avait fait rencontrer un jeune Abbé africain (de Youlou Fulber, 1er président de la République du Congo) qui était cantonné là pour des raisons disciplinaires. Radio trottoir, déjà, prétendait que les raisons de ce purgatoire, sous notre soleil, était liées à l’incontinence de ce jeune prêtre qui avait parait-il des difficultés d’assimilation des conséquences du vœu de chasteté ! Nous en reparlerons six ou sept ans plus tard…

Ces voyages, furent pour moi la vraie découverte du monde. J’ai pris alors très tôt conscience que : « Quand tu vas chez l’autre, ne cherche jamais à imaginer ce que tu vas trouver! Reçois tout, sans trier …».

En effet, le « nouveau » est inimaginable, il convient d’apprendre à le recevoir, yeux grands ouverts, l’esprit en éveil : le temps et parfois les hommes te dévoilerons les clés de tous ses merveilleux mystères. (ses et non ces ; les mystères du nouveau).

*

* *

Les enfants des administrateurs des colonies, ces fonctionnaires qui constituaient l’aristocratie des blancs, rentraient en France, tous les deux ans et, de plus en plus souvent, tous les ans. En effet, les DC4 ayant progressivement été remplacés par des Constellations, puis par des Super-Constellations, il devenait possible pour une famille de rejoindre la métropole en une vingtaine d’heures et deux ou trois escales.

Mais nous, les enfants de « petits blancs », il n’était pas question de rentrer pour les grandes vacances, nous restions sur le territoire toute la durée du séjour (deux ou trois ans). Une conséquence de cet état de fait fut l’opportunité qui nous a été donnée de passer plusieurs semaines au sein de telle ou telle mission pendant les vacances (grandes vacances). A Baratier, près de l’église, il y avait un terrain de football. Un matin, un dimanche matin, toute la colonie et son encadrement sont réunis aux abords de cette pelouse. Nous attendons la surprise…

Nous avons été avertis que nos parents, depuis Brazzaville, doivent nous envoyer des cadeaux qui nous sont expédiés par avion ! L’attente ne fut pas très longue.

A l’heure prévue, vers les onze heures, le lourd bourdonnement d’un aéronef était perceptible dans l’alignement du terrain de foot. Mais au début, rien de visible ! En effet, au-delà des cages du terrain de foot, de chaque coté du sens long de ce terrain s’alignent des cases, des corps de bâtiments et, plus loin encore, la canopée du couvert forestier cache l’horizon. Le ronron s’amplifie et enfin lentement, très majestueusement, un superbe trimoteur survole notre site. A cent cinquante mètres d’altitude et à une vitesse guère supérieure à cent kilomètres à l’heure (bien plus tard, 50 ans plus tard, j’aurais écrit : A 500 pieds à une vitesse guère supérieure à 70 nœuds…), nous observons ce premier passage, les portes latérales de l’avion sont ouvertes et des individus vêtus de Kaki, nous font des signes de la main.

Junker 52 à l’atterrissage.

Junker 52 à l’atterrissage.

Le trimoteur en question est un Junker 52, avion de transport largement utilisé au cours de la guerre précédente par les troupes allemandes, pour le transport et surtout le largage des parachutistes (en Crête par exemple !).

Ils sont ici utilisés pour la formation et l’entretien de la compagnie de parachutiste basée à Brazzaville. Nous sommes en 1952-53.

Bien qu’âgé de dix ou onze ans, je sais déjà que des choses se passent sur d’autres territoires de l’Empire. Nous savons que la guerre d’Indochine continu, que le général de Lattre de Tassigny commande en chef dans les trois Ky, le Laos et le Cambodge. Louis, mon père, est un ancien de la Première Armée, de Lattre est l’une de ses idoles… Rappelons-nous qu’en janvier 1946, l’aspirant Guitard, Dad, a refusé de partir en Indochine, comme sergent d’artillerie. Yvonne s’était habituée au statut de femme d’officier et n’était, en aucune façon, disposée à se transformer en femme de sous officier…

Revenons à notre avion qui vient de survoler le terrain de foot. Il s’éloigne et semble s’aligner suivant la longueur du terrain, nous ne le voyons pas à cause des frondaisons. Puis, le bruit s’amplifie, signe d’une nouvelle approche et soudain frôlant la cime des arbres, l’avion amorce une tentative d’atterrissage. Au milieu du terrain, le rugissement des trois moteurs nous assourdi, le majestueux oiseau reprend son vol en rasant les toitures et la cime des arbres du coté opposé.

Une seconde tentative sera tout aussi infructueuse, nous n’aurons pas l’étonnement de voir ce gros avion se poser sur le terrain. L’approche et la sortie sont jugées trop encombrées de toitures et d’arbres élevés.

Le quatrième passage se fera à, très, très basse altitude et très lentement, il fut l’occasion d’un largage de plusieurs ballots qui vinrent, après une courte chute, rouler au milieu de la DZ (Dropping Zone).

Dans ces colis tombés du ciel, nous avons trouvé des cadeaux pour tout un chacun. Il y avait des lettres de parents pour certains, mais des friandises et petits cadeaux pour tous, sans exception. J’ai très vite compris que notre entourage était sensible et prévenant aux cas de parents oublieux…

Des situations comparables, il y en eu de nombreuses, point n’est besoin de multiplier les exemples, l’esprit, l’ambiance est dite.

*

* *

Le temps a passé, je suis maintenant en CM1, je suis presque adulte.

Evidemment, je vais chaque jour à l’école en empruntant la ramasse, avec ces deux gentils convoyeurs qui supportent sans sourciller leurs insupportables gamins qui n’ont pour unique pensée que de leur pourrir le voyage.

Dans la cour à l’arrière de la case des évolués. Noter les persiennes  aux fenêtres…

Dans la cour à l’arrière de la case des évolués. Noter les persiennes aux fenêtres…

Pour la première fois, j’ai acquis certaine indépendance. Je chevauche maintenant un magnifique vélo qui me permet, à volonté, de rejoindre les quatre coins de la ville. La photo montre l’arrière de la case schématisée plus haut. Avec le recul, voyez les volets qui sont poussés vers le haut, en l’absence de grille de protection. Je suis un peu jaloux de maman qui, elle, a un vélo moteur.

Un vélomoteur sérieux avec une boite de vitesse, dans laquelle il faut s’assurer qu’il y a toujours de l’huile…

Mon vélo est néanmoins un joyau merveilleux. Avec lui, je peux aller n’importe où, au plateau, beaucoup plus loin à la plaine. (l’aller vers la plaine est toujours facile, c’est le retour qui pose problème, il faut alors monter la côte !…).

Je vais maintenant à St François, mais aussi partout, sans problème quand je le souhaite.

Dix ans et demi et indépendant, je ne savais pas que c’était rare. Mais, moi, cela m’allait très bien…

Avec quelques copains, nous avions l’habitude de nous rendre sur la route de l’Aéroport, vers « Maya Maya ».

Depuis le plateau, depuis St François, nous avions à traverser une longue allée forestière. C’était une forêt qui ne nous a jamais semblé très sauvage, d’ailleurs, sur la droite il y avait un jardin zoologique…

A Maya Maya, nous allions voir l’arrivée des avions.

L’arrivée des avions était une occasion de promenade. Pour les adultes, c’était, semble t’il, une autre occasion de pratiquer le rite du whisky-soda !

Comet, lorsqu’il arrivait !

Comet, lorsqu’il arrivait !

Nous avions pris l’habitude d’aller à l’aéroport pour voir l’arrivée des avions, peut être dans l’attente de notre voyage retour ! L’histoire devînt plus étrange lorsque l’usage se prit d’aller attendre l’arrivée du Comet (de Havilland) de la BOAC.

La raison était simple, une fois déjà l’aéronef n’était pas arrivé. Une autre fois, il en fut de même ! Par la suite cela devint l’objet de paris : « Le Comet va-t-il arriver aujourd’hui ? ». Après la troisième non arrivée, nous apprîmes que les vols du Comet étaient suspendus.

Cela ne nous a pas inculqué une confiance absolue dans les transports aériens…

*

* *

Le vélo est pour moi, cela est sûr, l’outil de mon autonomie. Au cours de cette année 52-53 de mon CM2 j’ai à l’école un incident particulier. Dans le souci de redresser un tors, fait à je ne sais plus qui pour je ne sais quoi, Je lance vers l’ennemi du jour un gigantesque coup de pied qui me déséquilibre, je tombe et me retrouve avec un avant bras droit en Z, il s’agit d’une fracture qui sera rapidement réduite à l’hôpital du plateau. Me voila dans un plâtre! Rouler à bicyclette avec un plâtre au bras ne pose aucun problème, sauf si la chaussée irrégulière transmet au guidon des à-coups sévères et je peux vous assurer que les rues de Brazzaville, même à cette époque, était très souvent irrégulières . Ces inquiétudes dureront trois semaines, le temps, le jour venu, d’aller à l’hôpital me faire retirer le dit plâtre !

J’ai dix ou onze ans et ni mon père ou ma mère n’a été concerné par cette thérapie ! Il convient de dire que les services de l’hôpital m’étaient connus, en effet, dans le cadre de nos activités de scoutisme, en tant que sizenier chez les louveteaux (chef d’équipe), j’étais venu suivre une formation à l’injection de sérum. Il s’agissait de savoir utiliser, si besoin était, les injections anti-serpents !... J’ai donc sur moi même et sur un autre esclave, procédé à des injections de sérum…

Ce n’est pas grave, j’étais déjà un grand, j’allais avoir onze ans !

Tout cela est très comique, lorsque cinquante à soixante ans plus tard on me propose une assistance pour me vacciner contre la grippe! Je fais cela tout seul depuis longtemps et pour longtemps j’espère.

A propos, lorsque le plâtre a été enlevé et que sur ce merveilleux vélo vous passez sur un nid de poule, le choc reçu dans le bras nouvellement déplâtré est ressenti avec une inquiétude certaine. Il ne s’agit point de douleur… Il y a tellement d’occasion de se faire un peu mal, non, il s’agit de la durée de cet emprisonnement que représente le port du plâtre. Ces trois ou quatre semaines sont très difficiles elles amputent votre liberté.

*

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Les trois années du séjour se terminent pour moi par une étape sérieuse : l’examen d’entrée en Sixième.

En effet, j’appartiens à cette génération d’enfants dont l’entrée en sixième était conditionnée à la réussite un l’examen d’entrée. Vu soixante ans plus tard, en 2012, les discussions permanentes à propos du niveau des élèves en Lecture, Ecriture et Calcul, au moment de leur entrée au collège paraissent bien futiles. A l’époque la question ne se posait pas, il fallait avoir le niveau pour accéder en classe de 6ème…

J’ai rempli les obligations de cette formalité sans inquiétude et me suis rendu aux résultats devant les grandes portes du Lycée Savorgnan de Brazza tout naturellement. Pour une fois, j’étais accompagné par ma mère, beaucoup plus inquiète que moi. Déjà là, l’inquiétude des uns, à propos des examens que je passais, m’est apparue comme parfaitement incongrue. Comment peut-on ne pas satisfaire aux critères de recrutement ? J’ai tout appris, tout révisé, où est le problème.

Le lycée en 2011, par Edmond Adjovi

Le lycée en 2011, par Edmond Adjovi

Enfin, cela lui a fait un grand plaisir de trouver mon nom sur la liste affichée sur ces lourdes portes du lycée ! Quant à moi, sur ce point je n’ai jamais eu le moindre doute. L’an prochain en 6ème, oui, mais où ?

Nous devons rentrer en France, c’est la fin du séjour.

Le succès à l’examen d’entrée en 6ème n’est pas le seul évènement survenu dans la famille en ce milieu de l’année 1953, une petite sœur nous est arrivée. Dominique est là !

Le retour vers la métropole, en ce mois de juillet 1953, c’est effectué par avion. Ce fut mon premier grand voyage en avion. Brazzaville-Paris en une vingtaine d’heures, c’était quand même plus rapide que les vingt et uns jours de voyage en bateau Aller Marseille-Pointe-Noire.

Ce retour Aérien incluait quelques escales, telles que Douala, Fort Lamy (Ndjamena maintenant), Tripoli, Marseille…

Et ce fut à nouveau Paris, la France…

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D
Je réalise que votre séjour s'est prolongé au delà de l'indépendance. En Juin 1960, j'ai eu 18 ans, mon Bac et vécu ma première année en Europe, au lycée François Arago de Perpignan. J'allais quitter le sud ensoleillé pour rejoindre la région parisienne, les classes préparatoire... Le rêve de ma Jeunesse Africaine était terminé, il m'a fallu m'habituer à Mpoutou, au pays des blancs...
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D
Je viens de sortir dans ma rue pour m'assurer que vous ne viviez point un peu plus loin dans mon agglomérations! Si vous poursuivez votre lecture de mon blog, vous constaterez que nous avons été simultanément à Yaoundé, où de 1980 à 1983 j'ai dirigé l'Ecole Polytechnique. Certains chapitres de DAI "Découverte d'une Afrique Indépendante " sont en rédaction. Mais les 8 premiers chapitres du Tome3 DAI sont édités et en cours d'être pillés par l'une des association des anciens élèves de l'ENSPY...<br /> Ndjaména, c'est où ça? du coté de Fort Lamy peut être...<br /> Etiez vous à Yaoundé au cours de la première semaine de décembre 1982? Si oui, vous avez vécu sur place l'abdication de Ahmadou Ahidjo. <br /> A propos du début de votre séjour à Yaoundé, auriez vous en mémoire le nom du chef de la Mission Française de Coopération de l'époque. Style baroudeur ancien des pétroles du Gabon. Je cherche depuis des semaines à me souvenir de son nom...<br /> Mon adresse Email: "guitard.daniel@free.fr". A vous lire! Daniel
G
(J'ai encore passé une journée à tester tous mes navigateurs pour en trouver un qui accepte d'envoyer ma réponse ! Il semble qu'avec Chrome ça a plus de chances de passer...) <br /> Nous sommes restés à Brazzaville de 1958 à 1966, puis à NDjaména de 1966 à 1982, et enfin à Yaoundé de 1982 à 1995 ; mon fils ayant été admis en prépa à Louis-Le-Grand, je suis rentrée en France avec lui.<br /> J'ai découvert le métro comme le comble de l'exotisme, n'en ayant vu qu'au cinéma !
G
Bonjour,<br /> J'espérais vous voir évoquer, dans le cadre du patronage à Saint-François, les journées à la ferme Alata. Je me souviens des trajets en camion, sur le plateau desquels nous nous entassions, debout, cramponnés aux ridelles, braillant "Ne pleure pas Jeannette", du site de la ferme Alata avec ses tables de pierre et ses bancs sous les arbres, des courses dans la forêt, glissant sur les feuilles humides, des rapides descendus sur le derrière, des sandwiches à la sardine et des gourdes d'anthésite, de la "piscine" taillée dans l'argile et vaguement renforcée avec de grosses pierres, à l'eau couleur de boue, qui faisait nos délices.<br /> Le bonheur à l'état pur, revécu en vous lisant.<br /> J'ignore si nous aurions pu nous croiser, j'y étais de 1958 à 1966 (école du Plateau d'abord, puis lycée Savorgnan de Brazza en 1961, et patronage à Saint-François !)
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G
J'essaie en vain de vous répondre depuis hier, je retente la manoeuvre avec un autre navigateur...<br /> <br /> Alors, ce dont je me souviens...<br /> <br /> Au patronage hebdomadaire, celui qui se tenait dans la concession de Saint François, il y avait tout un tas d’activités plus culturelles que physiques !<br /> Il y avait, perpendiculaire au chevet de l’église (la géographie des lieux est sous toute réserve, c'est le souvenir que j'en ai !), une construction basse, percée d’une très longue fenêtre qui servait de comptoir devant lequel on se présentait pour retirer moult livres (Bibliothèque verte ou rose, rouge et or, et plus tard Marabout Mademoiselle) et bandes dessinées ; c’est là que j’ai pris le goût immodéré de la lecture ! Je me souviens d’un magazine (peut-être Mickey, ou équivalent) dans lequel feuilletonnaient les aventures d’un jeune Esquimau parcourant l’Europe en Vespa, un perroquet sur l’épaule ; je donnerais cher pour en retrouver la trace. Quand on avait obtenu les précieux bouquins, on s’affalait sur le paspalum des allées pour dévorer notre butin, avant de retourner à la fenêtre les échanger.<br /> Il y avait une allée sablée bordée de petites paillottes tout juste assez larges pour contenir une grande table ronde en bois, entourée d’un banc circulaire du même métal. On s’y installait pour diverses activités manuelles, on pouvait aussi y lire ou peindre.<br /> Une autre allée sablée était bordée de grands panneaux de contre-plaqué en manière de chevalet, avec des paquets de grandes feuilles blanches clouées dessus et une planchette portant godets de peinture et pinceaux.<br /> En dehors du patronnage, où nous étions de petits saints, il y avait bien des terrains d’aventures audacieuses. L’après-midi, tandis que les parents nous croyaient sagement attablés devant nos devoirs, à la maison, nous partions à l’aventure au Jardin d’essais. Il y avait de quoi s’occuper pendant des heures… Un de nos buts était un marigot à l’eau boueuse, auquel je dois l’habitude jamais perdue de nager exclusivement sous l’eau : mon frère et un de ses amis appréciaient beaucoup le jeu subtil d’appuyer sur ma tête pour m’empêcher respirer hors de l’eau (mes parents avaient quand même raison de nous faire promettre de ne pas partir seuls en exploration…) , je n’ai pu en réchapper qu’en me laissant couler et en nageant au fond. Vu la couleur de l’eau, ils ne pouvaient pas me repérer !<br /> C’était aux alentours de 1960, j’avais dans les 9 ans. Nous étions quatre enfants, trois filles et un garçon, le petit dernier.<br /> Le dimanche, on allait au pont du Djoué, on se baignait dans de petites cuvettes de rochers, à l’abri des crocodiles. Mon père, fanatique de photographie, nous fasait poser des heures, le soleil en plein dans les yeux, pendant qu’il réglait des trucs et des machins avec « la cellule » !
D
Comme cela fait plaisir de retrouver une complicité après plus d'un demi-siècle! Je ne suis pas sûr que ce soit une omission de ne pas avoir parlé de la ferme Alata que je n'ai effectivement connue qu'au cours d'un second séjour à Brazzaville de 1957 à 1959. J'étais alors au lycée. Toutefois dès 1951 sur la plateforme du P45 conduit par le père Lamouraire et cornaqués pare frère Jean , nous hurlions bien déjà à Jeannette de ne point pleurer. Je dois être de cinq à six ans plus âgé que vous... <br /> Merci de votre commentaire. J'en aimerais d'autres si l'envie vous en venait... <br />