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Mes souvenirs à partager: une jeunesse en Afrique Equatoriale Française AEF, Une vie de famille, et la suite...

Tome 4: (TAECRESA) 3ème Expérience Africaine Les CRESA .Chapitre 2 Une mission peut en cacher une autre : vers le Bénin in in !

Cases sur pilotis à Ganvier

Mission au Bénin Fin octobre 1996

Université d’Abomey-Calavy

Exit Abidjan, en route pour Cotonou à nouveau par la côtière.

Ayant enregistré mes bagages à 13 h 30 pour un vol au départ prévu à 14 h 30, j’ai fait connaissance, pour la première fois, de l’espace transit de l’aéroport d’Abidjan. J’ai acheté quelques cartes postales pour ceux qui sont restés en Europe, et j’ai entrepris de fouiner dans les boutiques en Duty-Free. Là j’ai appris que l’avion à destination de Cotonou, Lagos et Douala, aurait 3 heures de retard. C’était la première fois disais-je et je m’en suis étonné. Maintenant, plusieurs semaines après et moult heures de retard constatées, c’est mon étonnement d’alors qui est étonnant. Comment peut on imaginer que la côtière soit à l’heure ?

Arrivée à Cotonou, je suis accueilli par Jean Tchougbe, Directeur du centre Syfed de Cotonou. Il a retenu une chambre à l’Hôtel du Port ; piscine, bar, restaurant, coiffeur, etc. Très correct et aux tarifs tout à fait abordables, 18 000 FCFA (180 FF) la nuit. La dévaluation a eu du bon, en particulier pour ceux qui raisonnent en francs français. Avant la dévaluation, les mêmes chambres étaient à 25 000 FCFA (500 FF) !

Nous retrouvons à l’hôtel Léopold Fakambi, dont j’avais fait la connaissance, un mois plus tôt à Paris, lors d’une réunion des chefs d’établissement des CRESA. J’ai en charge, au titre de l’AUPELF-UREF, le programme des CRESA. Ceci représente un budget 96 de 7 millions de FF. Les cinq CRESA existant actuellement sont implantés à Rabat, Ouagadougou, Niamey, Abidjan et, le dernier né, à Yaoundé. On en reparlera plus loin.

Donc, nous retrouvons Fakambi qui nous amène manger dans un « Maquis ». Ce genre de petits restaurants, bons et pas chers, typiquement ivoiriens, a été importé au Bénin depuis peu, depuis la démocratisation dit-on !

Lors de mon précédent passage au Bénin, c’était en octobre 1989 je crois, le pays vivait en catimini, sans élever la voix, sous une dictature sévère et sanglante, celle de Mathieu Kérékou. Début 90, par la voie des urnes, le vaillant peuple marxiste léniniste avait mis fin à cette féroce domination communiste, en optant pour un président libéral.

Cinq ans plus tard, la crise économique mondiale aidant, les béninois ont souhaité l’alternance. En fait les opposants au nouveau régime, pour sortir victorieux de cette deuxième joute démocratique n’ont rien trouvé de mieux que de se mettre d’accord sur le nom de ....., Mathieu Kérékou. Comprend qui peut !

Il faut reconnaître que celui-ci à beaucoup changé en cinq ans. Il n’est plus communiste, il est maintenant profondément religieux, chrétien. Il n’est en effet vu en public qu’avec un ostentatoire chapelet qu’il égraine le jour durant.

- dis, Patron, c’est bientôt fini la démocratie ?

Le lendemain, dès huit heures du matin m’attendait chauffeur et voiture que j’avais louée à la journée pour 20 000 FCFA. Mon premier rendez-vous, en ce dimanche n’étant qu’à midi, je décidais de me rendre au village lacustre de Ganvier. C’est une curiosité béninoise que j’avais impardonnablement manquée lors de mon précédent séjour.

L’embarcadère des pirogues pour la visite de ce site se trouve au delà d’Abomey-Calavi, 25 kilomètre au nord de Cotonou. En fait très proche du Campus de l’Université Nationale du Bénin.

Ayant peu de temps devant moi, je décide de prendre une pirogue à moteur, que j’accepte de payer abusivement cher, 10 000 FCFA. Une honte paraît-il. Un prix à casser le marché…

Mais voilà, il advint que le moteur est tombé en panne au milieu de la lagune. Et que là où il y a un moteur, il n’y a pas de piroguier. Moralité, soucieux de gagner du temps, j’en ai perdu plus que de raison. La perte au final ne fût pas très sévère parce que je me suis retrouvé « place du marché » au milieu de toutes ces pirogues colorées, peuplées d’une multitudes de femmes et d’enfants bigarrés de fripes aux couleurs vives et le plus souvent coiffés de larges chapeaux de paille conique qui rappellent les coiffures vietnamiennes. Les cases sont plantées sur des pilotis, mêmes les jardins sont flottants. J’ai en plus eu la chance de traverser le village à l’heure de la sortie de la messe, en ce dimanche matin. La marée des pirogues quittant les chapelles pour rejoindre les milles et unes échoppes lacustres fût un spectacle émouvant d’originalité. Ces gens ne vivaient pas comme cela pour moi, le touriste, ils vivaient tout simplement leur vie de tous les jours.

On va au shopping, Madame?

On va au shopping, Madame?

Une image m’a frappé. Des adolescents criards, ayant de l’eau jusqu’à la poitrine, remplissaient plusieurs pirogues de vase remontée laborieusement du fond. Ce précieux fardeau était ensuite méthodiquement déversé sur des matelas flottants d’herbe séchée. J’ai fini par comprendre qu’ils confectionnaient des jardins pour poissons. A une heure de l’après midi, j’étais encore dans mon marais.

* *

*

Le hasard est grand et la terre bien petite.

Le lundi soir, après une journée parfaitement remplie, mission accomplie, je suis rentré vers dix huit heures à l’hôtel. J’avais en effet obtenu une entrevue du Recteur de l’université en fin de matinée et le Ministre de l’Education Nationale et de l’Enseignement Supérieur m’ayant accordé une audience dès quinze heures, mes obligations étaient parfaitement remplies une demi-heure plus tard. Donc, de retour à l’hôtel, après un plongeon dans la piscine, je me décidais à me faire rafraîchir la coupe de cheveux.

Je m’installe donc chez le coiffeur de l’hôtel, qui s’avère être une coiffeuse dans la droite ligne des Figaro de chez nous, c’est à dire magistralement douée pour faire bavarder le chaland.

Or donc, je fini par dire que je venais de Bordeaux.

- Ah ! Monsieur, Bordeaux, comme j’aime cette ville !, j’y ai passé le plus clair de ma jeunesse...

- Regardez, dit-elle en me montrant son diplôme de coiffeuse tout enluminé, affiché au beau milieu du mur du salon et décerné voici plusieurs années en cette ville.

Elle a été élevée à Bordeaux avec toute sa famille, notamment une sœur qui a poursuivi ses études jusqu’aux USA où elle a obtenu un MBA.

- Tiens, lui dis-je, j’ai bien connu un béninois à l’université de Bordeaux, j’ai même participé au jury de son doctorat. Cela me rappelle que nous avions été fort aimablement conviés à un délicieux repas par ses parents, à cette occasion.

- Comment s’appelle t-il ?

- Georges Adjanouhoun.

- C’est le mari de ma sœur !

Voilà comment, complètement, par un pur hasard, j’ai pu faire passer à Monsieur Adjanouhoun Père un mot de respectueuses et sincères salutations à un collègue, professeur de l’Université de Bordeaux, lequel partage astucieusement son temps de retraite entre l’Aquitaine et le Bénin. Le temps ne m’a pas permis de rencontrer ce monsieur, j’aurais volontiers évoqué avec lui, le pourquoi et le comment des métamorphoses successives de l’illustre Mathieu.

Pour une halte au bistro, c’est ici !

Pour une halte au bistro, c’est ici !

Le mardi suivant, le 3 décembre à 16 h 40, je quitte Cotonou à destination de Dakar par le vol Air Afrique RK 821 que je devrais atteindre en principe vers 22 h 30.. Attention, cela n’est pas aussi simple, car il faudra changer d’avion à Abidjan et faire escale à Ouagadougou ainsi qu’à Bamako, et chaque fois pendant cinquante minutes.

J’arriverai en fait à Dakar sur le coup des deux heures du matin. Un taxi pris jusqu’à Fann Mermoz, carrefour « Stèle Mermoz », au coin de la corniche Ouest. A cette heure avancée de la nuit, je ne t’explique pas le marchandage qu’il faut faire pour ne pas être abusivement arnaqué par le taximan. En fait, j’ai trouvé la combine. Laquelle a consisté à lui expliquer que, bien sûr, j’étais nouveau, mais que dans les semaines et mois à venir je voyagerai très souvent de la maison à l’aéroport et vise versa. Du coup, la course est rabattue de 50% et j’ai droit à une splendide carte de visite, avec numéro de téléphone pour contacts ultérieurs.

* *

*

Dakar, deuxième contact. Le plus dur, de retour d’une longue mission, est la rédaction du rapport et sa diffusion aux personnes concernées. En plus, en ce mercredi matin, six à sept heures après mon retour, il me faut immédiatement mettre en route toute la procédure AUPELFienne pour la prochaine mission qui devrait dès le lundi suivant me conduire à Yaoundé.

Ce second séjour, de moins d’une semaine à Dakar est l’occasion de grandes décisions. Faute d’avoir le temps de trouver un substitut à la situation qui fait de moi un locataire des Brémond, je procède à des investissements qui doivent pour le moins me mettre en paix avec ma conscience. En premier lieu, je fais un chèque pour l’achat de la voiture de Monique. Il s’agit d’une Visa blanche qui a 120000 km, mais me semble fonctionner à merveille pour une vielle dame de cet âge là. Nous convenons, bien sûr, que Monique continuera à l’utiliser lors de mes nombreuses absences.

En second lieu, je sollicite que nous nous mettions d’accord sur le prix d’une pension, pour moi, mais aussi pour Victor, lequel est définitivement adopté par la famille. (Saviez vous que Victor est le Berger Allemand qui m’a suivi depuis Bordeaux ?).

Je profite d’une splendide fin d’après midi pour me rendre à l’Aéro Club faire, quelques tours de piste. N’avais-je pas tout oublié de mon lâché, déjà vieux de onze jours ?

Le samedi, toujours en solo, je m’aventure pour un tour de la presqu’île.

Au cours de ce vol, il s’est passé un événement amusant. J’entends à la radio une demande d’autorisation de largage de parachutistes au dessus de la foire exposition. C’était le dernier jour de la Foire Internationale de Dakar. La tour annonce un vent au sol de 19 noeuds (35 km/h). Le pilote du transport sollicite une autorisation de largage à quatre cent pieds (130 m), ce qui est déjà peu dans des conditions favorables, à savoir sans vent. Sur demande de confirmation par la tour de l’altitude de largage, le pilote confirme. J’ai pensé : Ils sont fous ces sénégalais !

Deux jours plus tard, j’ai eu l’opportunité de m’informer auprès d’un lieutenant des pompiers. Les pompiers ici sont des militaires et cet officier en particulier est breveté parachutiste. Nous avons convenu qu’avec un vent de 35 km à l’heure, les chuteurs avaient du courir derrière leur pépin, en battant probablement les performances de Jess Owens en son temps, si toutefois, ils ne s’étaient pas écrasés avant, sautant en commandé d’une altitude si basse.

Quinze jours plus tard, de retour de la mission suivante au Cameroun, j’ai eu le fin mot de l’histoire :

- Premier point, l’altitude de largage n’était pas de 400 pieds, mais de 400 mètres. Ce qui ne rassure pas quant à la qualité des informations aéronautiques transmises dans la CTR de Dakar par les usagés professionnels ou amateurs éclairés !.

- Deuxième point, il n’a pu être précisé si les parachutistes couraient après leur parachute une fois au sol, car, en fait, 90% des sticks sont tombés dans les quartiers environnants, le plus souvent fort loin de la DZ prévue à cet effet sur le site de la foire.

- Dernière information à ce propos, j’ai appris hier soir par un commandant du BIMA (Martiniquais très sympa, j’en reparlerai) que c’étaient des professionnels qui ont sauté ce jour là. Aucun n’a été capable d’approcher la cible à une distance décente.

Rien de marquant à signaler en ce Week-end du 7 au 8 décembre passé à Dakar.

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