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Mes souvenirs à partager: une jeunesse en Afrique Equatoriale Française AEF, Une vie de famille, et la suite...

Tome1 : ( UJA) Chapitre 4 : L’aventure Parisienne (1949-1951)

Chapitre 4

L’aventure Parisienne

Or donc, un certain printemps, débarque à Perpignan un couple d’amis, Roger et Simone Bourgaud (une autre Monette). Roger et Louis se sont connus à Montpellier en classe préparatoire (Mathématique), et/ou au lycée de Nîmes ou Dad (Louis) était pion, dans le juste avant-guerre.

Roger est une très forte personnalité, un homme de commandement, victime de la poliomyélite, il boite fortement de sa jambe gauche atrophiée. Comme de nombreux handicapés Roger compense par une autorité certaine. Il est en cette année 1948-49, en occupation en Allemagne, où, en sa qualité d’ingénieur chimiste, il participe activement au démantèlement d’usines allemandes en vue de leur implantation en France au titre des dommages de guerre. Il s’agit d’une usine de l’IG FARBEN. (deux décennies plus tard, moi-même ingénieur et vivant en lorraine, j’ai pu mesurer la bêtise de cette politique qui nous a laissé de ce coté du Rhin des usines vieillissantes, alors que les «Vaincus » ont bénéficié du renouveau et de l’innovation…).

Les Bourgaud et les Guitard, de cette rencontre, ourdirent un vaste projet commun. « A la conquête du monde !».

Roger a constaté qu’Yvonne est une réelle « Couturière » qui coupe, monte et fini des robes originales à la satisfaction des clientes et qu’un coup d’œil certain sur un modèle lui suffit à le reproduire vite et bien.

Il n’y a pas de doute, il faut monter à Paris et se lancer dans la mode et la confection…

Voila un projet qui pour sa réalisation implique des étapes….

*

* *

La première conséquence de cet enthousiasme collectif est la décision de m’amener, moi « Daniel » au cours de cet été (1949 ?) à Gonzenheim, près de Mayance où les Bourgaud résident.

de gauche à droite : Daniel, Serge et Génie vers l’Allemagne.

de gauche à droite : Daniel, Serge et Génie vers l’Allemagne.

A l’occasion de ce premier voyage à l’étranger, j’aurai la compagnie de leurs deux enfants, Serge, mon ainé de quelques mois et Génie (Geneviève) juste plus jeune.

Nous grandirons ensemble pendant quelques années, au fin fond de l’Afrique !

Nous partîmes de Perpignan vers l’Allemagne avec, autant que je m’en souvienne, un second véhicule occupé par les parents de Roger. Une étape de ce voyage m’a marqué, peut être sur un terrain de camping, ce fut une halte sur le lac d’Annecy.

Notre destination est le village de Gonsenheim près de Mayence. Il semble que ce village soit actuellement un quartier de Mayence. Me revient le souvenir de promenades dans le voisinage immédiat de Gonsenheim au sein d’une forêt de résineux aux futs majestueux plantés sur des dunes de sables. « Les grands sables » entre Monbach et Gonsenheim !

Premier contact avec une personne ne s’exprimant pas en Français, il s’agit de Madame Hoeller (orthographe non garantie) , c’est la femme de ménage qui tient la maison des Bourgaud à Gonsenheim. J’ai cherché à communiquer et elle aussi ! Voici ce qu’il en reste soixante deux ans plus tard : « Geben sie mir ein wenig brot, bitte, madame Hoeller ». Cette curiosité pour les langues étrangères sera constante au cours de ma vie, sans d’ailleurs exceller réellement, en aucune.

Quelques jours plus tard, nous serons rejoins par Maman (Yvonne) et mon frère (Loulou). Yvonne a largement payé ces quelques jours de vacance en faisant des robes à ces dames…

Serge Bourgaud, était mon alter ego et très vite de connivence, nous avons soigneusement élaboré de multiples bêtises. Celle dont le souvenir est le plus marquant est le projet de faire trébucher la grand mère Bourgaud à l’occasion d’une promenade dans les sables de cette fameuse forêt de Lenneberg. Sans coup férir, nous avons réussi notre coup. Mais ce ne fut pas du gout de Roger qui depuis cette date m’a toujours soupçonné d’être de mauvaise influence sur Serge, bien qu’étant son cadet !

Fin de l’été, exit du séjour teuton, nous rentrons en France, non sur Perpignan, mais à Paris !

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Pendant ce temps, au cours de cet été, Louis est chargé de prospecter sur Paris l’achat d’un « atelier de couture ».

Il se trouve qu’une relation perpignanaise, œuvrant dans le monde du négoce des vins, avait convaincu mon père de l’intérêt d’une nouveauté technologique de première importance : « les cuves à plafond mobile ».

Il s’agissait de cuves parallélépipédiques en béton armé, fermée par un plafond flottant sur le liquide contenu, assurant l’étanchéité à l’air extérieur, et mobile, c'est-à-dire descendant au fur et à mesure que le vin contenu était tiré.

L’achat de l’atelier de couture c’est donc transformé en celui d’un petit bistrot, sis Boulevard du Port royal, du coté 13ème arrondissement. Le 5ème était de l’autre coté du Boulevard.

Très rapidement, cette expérience de « bistroquet » a tourné au fiasco. En effet, Louis et Yvonne se sont rapidement rendu compte que la demi douzaine de clients qui s’attablaient, au long de la journée, devant un café jamais consommé, étaient particuliers.

En fait, il s’agissait d’une équipe de policiers qui planquaient dans le bistrot à l’affut des anciens propriétaires faux monnayeurs en fuite.

Imaginez les commentaires d’Yvonne à Louis quand à son flair… Au lieu d’acheter un atelier de couture, il acquiert un bistrot en perdition « La Bonbonnière » à des truands en fuite,

Yvonne derrière le comptoir (Vins des Pyrénées)

Yvonne derrière le comptoir (Vins des Pyrénées)

Les flics ayant rapidement compris que les deux naïfs de Pyrénées orientales ne pouvaient être des complices du couple en fuite (Mr et Mme Langlois à ce que je me souviens !). Les amateurs du petit noir journalier ont disparu et le bistrot c’est révélé un vrai désert…

Dans l’adversité des solutions se dégagent :

D’une part, trois cuves à plafond mobile sont installées sur l’un des cotés du bistrot et une activité sera développée : « le vin à emporter ». A noter que le vin à emporter est à cette époque (1949-1950) une activité florissante, car faute de tout, l’un et l’autre consomme une copieuse ration journalière du jus de la treille. Ce fut pour moi l’occasion de mes premières B-A rémunérées, je récoltais en effet quelques sous en livrant aux concierges du quartier les lourdes rations de leurs besoins du jour.

D’autre part, il faut bien faire bouillir la marmite, appuyé par l’association des anciens de la 1ère Armée (Maréchal de Lattre de Tassigny, enfin, Maréchal, pas à ce moment là, mais un peu plus tard), Papa va s’embaucher comme ouvrier à l’autre bout de Paris dans une usine de fabrique d’aspirateurs « Electrolux ». En fin de journée, il est en position de chef d’équipe et en fin de mois assimilé cadre !

*

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Ces deux ans passés Boulevard du Port Royal, sont pour moi la première découverte du monde. Je vais à l’école sur le Boulevard Arago qui converge avec le Boulevard du Port Royal avec l’avenue des Gobelins. Tout ce quartier est mon domaine. Nous passons d’un coté à l’autre de ces boulevards et avenues en empruntant les passages souterrains que constituent les bouches du Métro. C’est sur l’avenue des Gobelins que je vais voir mes premières séances de cinéma. Dans ma mémoire, c’était avec les copains du quartier en truandant à l’entrée, déjà ! Cela durera longtemps, comme nous le verrons.

Au-delà du carrefour de ces trois boulevards, on accède à la rue Mouffetard, l’entrée du quartier latin, par le Nord. Ceci fait encore partie de notre domaine (notre, il s’agit des poulbots, des titis du quartier !). Nous avons un domaine qui va, dans cette direction, jusqu’aux Arènes de Lutèce. Au plus loin et rarement nous organisons des expéditions jusqu’à atteindre le jardin du Luxembourg. Royaume que je rejoindrai dix ans plus tard après un long séjour africain…

De l’école du Boulevard Arago, je n’ai que quelques souvenirs, ma vie était plus en dehors qu’au sein de l’école. Je devais je crois travailler correctement, peut être très correctement, mais cela ne m’a jamais posé un problème, j’adorais ce que nous faisions à l’école, mais j’adorais aussi tout ce que nous pouvions faire en dehors de l’école.

Trouver l'erreur... (En haut 3ème rang, 3ème à partir de la gauche, c'est JE)

Trouver l'erreur... (En haut 3ème rang, 3ème à partir de la gauche, c'est JE)

Les souvenirs les plus marquants sont bizarrement les distributions de lait à l’école, pour notre santé disait-on, et les rumeurs de temps à autre de ces bombardements que les méchants soviétiques allaient déverser, spécifiquement sur notre école.

(il est vrai que mon réalisme fait que je me serais moins inquiété si ces bombardements étaient destinés à l’école voisine !).

Soyez rassurés, bien que promis par notre propagande, il n’y eut jamais de bombardement (Guerre froide 1950).

J’aurais sur la vie du quartier autour du « Vins des Pyrénées » (nouvelle appellation de « La Bonbonnière »), mille et une anecdotes qu’il me serait agréable de narrer, mais seraient probablement indigestes pour un éventuel lecteur.

*

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Dans ce séjour parisien, il y eut au moins un épisode assurant un break. En banlieue, résidait l’oncle Jean Soler et Tante Louise. Jean était l’un des frères cadet de ma grand-mère Marguerite Klely, née Soler. Une ou deux fois, nous rendîmes visite à ces proches parents maternels dans leur petite maison de banlieue typique, avec jardinet fleuri sur le devant et un étroit accès, à l’arrière de la maison à marquise, vers le jardin potager.

Jean est un personnage important de la famille Soler. Le fils qui par son accès à la garde mobile est allé jusqu’à Paris et a même fini sa carrière par une affectation au Sénat.

J’ai le souvenir d’avoir été confié à ce « long » oncle (il était à mes yeux très grand) et à cette sévère tante Louise à l’occasion d’un voyage estival en train vers Perpignan…

Cousins cousines: Alice, Sylvie, Daniel, Loulou et Bernard à Banyuls...

Cousins cousines: Alice, Sylvie, Daniel, Loulou et Bernard à Banyuls...

Les étés furent souvent l’occasion de séjours en bord de mer, généralement à Banyuls sur Mer. La famille, coté Guitard, était accueillie peu ou prou par les Péjouan. Bernard, Alice et Sylvie sont aux cotés de Daniel et de Louis.

Au plus loin que je me souvienne, il y avait devant tel ou tel hôtel de la station balnéaire des guérites abritant un piquet militaire.

Nous arrivions à Banyuls en train, un long voyage depuis Perpignan, dans mon souvenir et pourtant pas plus de trente ou quarante kilomètres !

A Banyuls, au-delà du laboratoire Arago, il y a une jetée, lieu de prédilection de la pèche sous-marine. J’y amènerai mes enfants plus tard.

De ces séjours estivaux à Banyuls, j’ai quelques souvenirs. A l’époque au milieu de la petite baie il y avait une ile, « La petite ile » ?

Je me souviens de la plage de galets. Une fois, Papa a fixé une allumette à l’intérieur d’une coquille de noix, sur ce mât improvisé un petit morceau de papier a été enfilé en guise de voile… J’ai vu cette caravelle improvisée s’éloigner entre les vaguelettes en direction de la petite ile. Il était très habile, un fin bricoleur !

Ces séjours estivaux à Banyuls, à la fin des années 40, auxquels je fais référence, n’étaient pas une innovation, ils se déroulaient déjà avant la guerre.

Tante Planel, Bernard, Alice et Mon Père Louis

Tante Planel, Bernard, Alice et Mon Père Louis

En témoigne cette photo sur laquelle figurent Louise (la tante Planel évoquée plus haut), Bernard et Alice Péjouan et ..., et Loulou, mon père qui doit avoir quinze ou seize ans. (C’est, je crois, une image de papa au plus jeune que je connaisse).

Que se passe-t-il donc à Paris, sur le Boulevard du Port Royal, pendant ce temps là ?

Roger Bourgaud et sa femme Monette (Simone) sont revenus d’Allemagne. C’est fini, le rapatriement en France de vieilles Allemandes !

Ils ont du constater l’état du projet « Maison de couture » (Haute couture !). De toute façon, Roger a déjà un autre projet. Deux de ses beaux frères, dont j’ai complètement oublié les prénoms et même le nom, sont peintre en bâtiment, pour l’un, et peintre en lettre, pour l’autre.( Toute publicité ou affichage à l’époque se faisait par peinture sur un support, panneaux, murs ou façades d’immeuble). Et Roger propose un projet collectif. Les quatre familles vont partir vers l’Afrique pour « peindre l’hôpital de Brazzaville » !

Ce projet fou, rejoint dans un sens l’espoir qu’avait eu Papa de se faire démobiliser en Afrique !...

Là, je dois impérativement changer de chapitre.

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Y
Article agréable à lire comme d'habitude, sans trop de détails et avec d'humour. Daniel tu étais un sacré polisson; ça se voit à ton regard. Sur un fascicule intitulé BRAZZAVILLE - Encyclopédie mensuelle d' Outre-mer - août-septembre 1954, il y a la publicité suivante: SVP - Société de vente de peinture -Roger Bourgaud - ingénieur chimiste Toutes peinture Décoration et Bâtiment - minium de plomb - Aluminium - peintures antirouilles - vitrerie - brosserie - Expéditions en brousse - Téléphone: 28-33 - B.P. 434 BRAZZAVILLE.
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D
Bien vu, cette Pub correspond bien à la SVP!<br /> Merci de tes commentaires...