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Mes souvenirs à partager: une jeunesse en Afrique Equatoriale Française AEF, Une vie de famille, et la suite...

Tome 5 : (MPSLP). Mes pérégrinations sur la planète. Chapitre 6 : Quatre années universitaires de plus.

Chapitre 6 : Quatre années universitaires de plus.

 

             Année 1965-66

        Quelle est notre situation en ce mois de septembre 1965 ?

Nous avons un Frédéric, tout blond, qui court partout dans notre petit appartement en Rez-de-chaussée au 82 rue du Général Leclerc à Maxéville. (82 ?).

Nous avons un Guillaume de trois mois, aux poils drus, tout noirs, qui gigote en gazouillant dans son couffin en osier.

Béatrice, grâce à Dieu, enfin surtout grâce a son entêtement, a un emploi que nous espérons, tous les jours, stable. Elle est conseillère d’orientation scolaire au centre, rue de la source à Nancy, sous la houlette d’une dynamique directrice, Madame Demangel. Elle fait bouillir la marmite !

J’ai, pour ma part, donné des cours particuliers, j’ai aussi obtenu en 3ème année d’Ecole, un « Monitorat » qui m’a permis une intégration progressive à l’équipe pédagogique qui entoure le Professeur Jean Gosse. (Mécanique des fluides)

Cette équipe animée l’année précédente par Paul Valette, fonctionne cette année avec Jean Claude Barataud. Nous prenons chacun en charge des groupes de TD, pour traiter les exercices d’applications afférents au cours du Prof, dispensé aux élèves de 2ème année de l’ENSEM et parfois dans d’autres écoles, à l’Ecole des Mines, par exemple.

Les revenus financiers de ces monitorats ne constituent pas un salaire sur lequel on puisse tabler régulièrement. Ils sont en effet payés très irrégulièrement et très souvent avec un retard de l’ordre de l’année…

Paul Valette est parti effectuer son service militaire, il a obtenu à ce titre un poste de chef de mission à Kerguelen. A coup sûr 24 mois d’absence.

Il y a cette épée de Damoclès, suspendue au-dessus de nos têtes, le service militaire !

Les Ingénieurs mécaniciens de l’ENSEM ont une voie toute tracée pour effectuer leur temps, ils sont envoyés à Brest pour servir comme « Officiers Mécaniciens de la Marine ».

Dois-je partir tout de suite ?

* *

*

        Le professeur Jean Gosse a proposé de m’accueillir dans son équipe de recherche en vue de la préparation d’un Doctorat d’Ingénieur et pour me permettre de survivre, il m’est proposé d’accepter un poste le Maitre Auxiliaire, en qualité d’Assistant Stagiaire… En conséquence, au 1er octobre 1965, j’occupe un emploi de contractuel auprès de l’Université de Nancy, en poste à l’ENSEM.

        Contractuel, stagiaire, assistant : j’avoue qu’en début de cette année universitaire 1965-66, je ne mesure en aucune façon ce que tous ces qualificatifs administratifs peuvent signifier.

        Les réalités qui s’imposent sont triples :

- Je vais, en principe, dans les trente jours récupérer un salaire qui va me permettre d’aider Béatrice dans cette tache essentielle qui est d’abriter et de nourrir notre petite famille qui pour mes 23 ans comptait déjà quatre personnes.

- J’entreprends la préparation d’un Doctorat d’Ingénieur qui devrait me mobiliser au cours des trois prochaines années universitaires. Ceci repousse mon entrée dans l’industrie, mais devrait me permettre, le moment venu, de valoriser professionnellement ce complément de formation en recherchant un emploi dans le domaine Recherche et Innovation dans le monde industriel…

- Enfin, je repousse ce Service Militaire qui, bien que la Guerre d’Algérie ait été conclue depuis maintenant trois ans et demi, est toujours d’une durée d’au moins 24 mois.

* *

*

        Je rejoins donc l’équipe de recherche du Professeur Jean Gosse. Je découvre que notre Patron est originaire de l’Aquitaine, de l’Université de Bordeaux, sans plus de précisions, qu’il est venu enseigner au « Chimique » (Ecole Nationale Supérieure des Industries Chimiques, dont les bâtiments jouxtent ceux de l’ENSEM), qu’il a ensuite rejoint l’ENSEM.

Je comprendrai plus tard ces subtiles mutations à l’occasion de changements de grades, concomitants à la libération de Postes, à la suite des départs à la retraite de leur titulaire.

Une bonne demi-douzaine de chercheurs en place sont des chimistes, un peu plus âgés que l’autre grosse demi-douzaine de chercheurs nouvellement recrutés.

Je fini par comprendre que l’Ecole voisine est en fait une formation en Génie Chimique, c’est à dire formant des ingénieurs spécialisés en Transfer de Chaleur et de Masse, aptes à concevoir, réaliser et conduire des installations industrielles de transformation physico-chimique des produits.

En conséquence, au sein du laboratoire de recherche en mécanique en création à l’ENSEM, la dominante est portée par la mécanique des fluides et l’énergétique. Sous peu d’années, cette unité, qui sera bientôt associée au CNRS, est alors connue sous le nom de LEMTA (Laboratoire d’Energétique et de Mécanique Théorique et Appliquée).

Que croyez-vous qui m’arriva ?

Mon patron s’essaya, à l’occasion de mon arrivée, à conduire des recherches dans le domaine de la Mécanique des Solides !

* *

*

Un plan de recherche !

Je n’ai absolument jamais eu connaissance des termes scientifiques exacts qui motivaient le contrat de recherche qu’avait passé mon Patron avec le CNES (Centre National d’Etude Spatiale) et qui par conséquent a permis d’assurer le financement de mes travaux pendant plus de trois ans.

Je ne me souviens que des informations suivantes, données chichement par mon patron…

« Le CNES prépare la conception, la fabrication et nous espérons le lancement de satellites.

Nous sommes associés à la caractérisation du comportement mécanique des matériaux qui sont conçus pour servir à la fabrication des structures des futurs satellites.

Il conviendra d’étudier un composite Aluminium-Fer. Une matrice d’aluminium est incluse de microfibres orientées d’un eutectique Al-AL3Fe.

Une attention particulière sera portée aux écarts de comportement à l’élasticité classique, pour des niveaux de chargements inférieurs aux limites conventionnelles de l’ « Elasticité » ».

Une carrière plus tard, cinquante ans après, je réalise ne pas avoir immédiatement sollicité mon Directeur de thèse afin d’effectuer des investissements lourds, comme l’achat d’une machine d’essai conventionnelle. Non, au cours de ces trois premières années, en m’appuyant notamment sur un technicien en électronique très compétant et sur l’habile équipe d’ouvriers de l’atelier de mécanique de l’école, ajusteurs, tourneurs, fraiseurs, etc., j’ai conçu, construit et mis au point les outils nécessaires au développement de mes travaux. Avec le recul, il convient d’admettre que l’effort de la Recherche Universitaire Française, à cette époque et dans mon environnement, portait plus sur la formation des jeunes chercheurs que sur la course aux innovations scientifiques. C’était probablement là, sa véritable vocation !

La prise en compte des charges pédagogiques.

Revenons à ce qui, en fait, justifie mon salaire. Il convient de contribuer à l’enseignement, d’assurer un Service. Pour un Maitre auxiliaire, en position d’Assistant contractuel, c’est-à-dire, non Agrégé, non contractuel, il s’agit d’assurer 196 heures en présence de nos élèves, ceci au cours d’une année qui compte à l’époque 32 semaines.

        En termes de TD (Travaux Dirigés) un service correspond sensiblement à la prise en charge de trois séances de TD de 2 heures par semaine. D’aucuns pourraient penser que cela n’est pas une contrainte énorme, et pourtant, tenir pendant deux heures un groupe de 30 à 40 élèves ingénieurs nécessite d’avoir ce que l’on appelle du « biscuit », car la moindre défaillance de l’enseignant est sanctionnée violemment par la meute… Les premières années requièrent un travail intense, surtout si nous vient l’idée, peut-être, de poursuivre dans la carrière.

        En termes d’encadrement des TP (Travaux Pratiques), la le service horaire est double, encadrer les TP fait qu’une séance de 4 heures TP et est comptabilisée 2 heures de Service TD.

Le péril est moindre, car compte tenu des matériels mis en œuvre, c’est une équipe qui assure l’encadrement des TP, laquelle comprend au moins un enseignant expérimenté, un Maitre-Assistant !

Le temps de préparation, qu’il s’agisse des séries d’exercices, en illustration du cours, ou des travaux pratiques est un investissement du moment, en effet, d’une année sur l’autre, l’affectation du maitre auxiliaire peut changer…           

L’impérieux désir de monter en grade se fait déjà très rapidement sentir !

Et le reste…

        Très rapidement, le reste de la vie, la petite famille trouve une place de plus en plus réduite… La passion du métier, les mille et une interrogations que nous offre la recherche, les préparations de ces applications à des cours que l’on n’a pas toujours reçus et qu’il nous faut néanmoins toujours maitriser, tout cela conduit à un débordement d’activité. Il est déjà loin le temps des rigolades inconscientes !

Cette première année passe très vite, dans le bureau des chercheurs au bout du couloir du rez-de-chaussée en entrant à gauche, les rites se sont mis en place.

        Je partage le bureau avec Maurice Martin. Dans le bureau voisin est installé Duhamel, marié, sérieux derrière ses lunettes et son petit bouc, qui travaille laborieusement, à Midi et à Dix- huit heures précises, il pose son stylo parallèlement au cahier qui occupe seul son bureau, décroche la veste de la patère et quitte le labo. Il n’est plus en service !

Premier Pas dans la fonction publique.

Premier Pas dans la fonction publique.

A huit heures précises, le lendemain, il suspend sa veste, s’assoit derrière son bureau et reprend son stylo. Il est à nouveau en service…

L’austère Duhamel partage son bureau avec la pétillante Catherine Legras. (Était-ce Catherine, son prénom ?). Elle est la fille d’un ponte de l’Université de Nancy, précurseur dans le domaine du calcul numérique. Jean Legras !

Année 1966-67

        Fin aout, j’ai reçu un arrêté de nomination d’Assistant Stagiaire pour un an à la faculté des Sciences de Nancy.

Pour la première fois, je vois apparaitre un indice : indice réel 281 (bizarre, serait-ce qu’il existe un indice non réel ?).  Ceci veut surtout dire que nous aurons de quoi faire bouillir la marmite l’année prochaine.

        Les séances de TD succèdent aux demi-journées de TP.

        Le reste de mon temps est consacré à l’organisation de mon espace de recherche. J’ai réussi à mobiliser en sous-sol, au-delà de l’atelier de mécanique, un local, creusé jours après jours dans les dépôts de la « Réserve ». Il est recommandé de ne pas bondir dans « ma cave » sous peine de se retrouver scalpé par les poutres en béton qui en limitent le plafond à une hauteur maximale de 2m !

        Ces premières années de recherche sont menées dans une certaine solitude, mes compères sont tous branchés mécanique des fluide et transfert d’énergie.

Par exemple, mon camarade Maurice Martin, qui a terminé major de notre promotion, travaille à l’amélioration du transfert thermique entre une surface métallique et un écoulement d’air lorsque celui-ci est un écoulement pulsé.

Il construit et met au point une soufflerie installée dans le Hall de Mécanique. A l’occasion des réglages de son installation, testant la plage des pulsations qu’il pouvait réaliser dans sa soufflerie, en amplitude et en fréquence.

        Maurice a réalisé un sérieux nettoyage du hall, de la cave au grenier, lorsqu’en ajustant les paramètres de sa soufflerie il a fait entrer en résonance tout le volume d’air. La poussière est sortie de tous les recoins de la charpente métallique qui n’avait pas subi un tel balayage depuis plus d’un siècle… Cela fait un effet très étrange lorsque votre cage thoracique se met à se dilater et se contracter en résonance avec l’écoulement créé par le collègue avec sa soufflerie ouverte !

* *

*

       

Pour ma part, je dois concevoir les moyens expérimentaux qui me permettent de mettre en évidence sur ce matériau métallique les écarts à l’élasticité conventionnelle.

        Je ne vais pas, ici, développer un argumentaire scientifique justifiant les options prises à l’époque.

Le principe de la méthode qui me guide est le suivant : En s’appuyant sur la bibliographie, choisir un modèle de loi de comportement raisonnable, voisin de l’élasticité classique, dont les paramètres, pour un matériau donné, seront callés à partir d’une expérimentation donnée. Il s’agira à travers une seconde expérimentation de vérifier la validité du modèle identifié.

En conséquence, j’ai choisi de mettre en œuvre, d’une part un essai quasi statique, type « essai de fluage », d’autre part un essai en sollicitation périodique de mesure du « Frottement intérieur ».

Le fluage sur éprouvettes isocontraintes

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Mesure de frottement intérieur.

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La pauvreté des moyens de reprographie de l’époque et la piètre qualité de l’archivage de mes sources font que je ne dispose pas de photographie de ces manips ! Je vais chercher à nouveau…

La page qui précède est tout simplement la reproduction de pages de mon manuscrit de thèse. Nous tapions sur stencil les textes et dessinions les graphiques de nos manuscrits avant de les passer sur la ronéo pour reproduction.

* *

*

En ce début de 3ème année de recherche, une grosse émotion, mon patron m’a demandé, compte tenu des résultats acquis, de préparer un projet de publication. Dans le groupe de recherche, une fois informé de ce projet, quelques-uns parmi les plus anciens y sont allés de leurs réflexions semi-narquoises :

  • Ah ! ça y est, tu es parti pour ton premier CRAS !

Il me fallut décrypter, CRAS ? En Fait, il s’agit d’un « C.R. Acad. Sc. » Compte Rendu à l’Académie des Sciences.

Après quelques semaines de travail laborieux, de nombreux aller et retour entre le chercheur et le patron, un projet de quatre pages est soigneusement communiqué au membre correspondant de l’Académie des Sciences, en l’occurrence le Professeur Léopold Escande, lequel présente le projet au cours de l’une des séances hebdomadaires de l’Académie.

 Quelle émotion de recevoir sous enveloppe la liasse de la cinquantaine d’exemplaires de la Première publication !  Première réflexion : si les vieilles barbes ont accepté de se raconter mon quatre-pages, cela veut peut-être dire que mon travail n’est pas complètement négligeable !

Voici un quatre-pages résumé en trois pages !
Voici un quatre-pages résumé en trois pages !
Voici un quatre-pages résumé en trois pages !

Voici un quatre-pages résumé en trois pages !

La conception, la rédaction et la mise en page de ces communications est un exercice difficile, contraignant, éducatif. On y apprend notamment à ne dire que l’essentiel, en phrases courtes, dans un volume limité, quatre pages. Cette limitation, tellement impérative que dans mon exemple le CRAS ne comporte que 3 pages…

* *

*

        En Mai 1968, bien sûr je reçois les tirés-à-part de ma première publication avec émotion, mais, en ce 16 mai, je suis dans l’impossibilité de me rendre à l’une de ces assemblées générales qui encombrent les amphithéâtres de l’Université. Il y a pour moi urgence à rejoindre pour la troisième fois la maternité de Nancy !

        Béatrice nous a donné le troisième empereur ! Voici « Alexandre ». Décidément, il semble que nous ne sachions que faire des « couillus » ! Quelle joie que l’arrivée de ce troisième fils.

        Une telle intrusion vous ramène dans la réalité, il va falloir enfin arrêter de jouer et rejoindre l’industrie…

        C’est dans cette période, fin du printemps 68, que Maurice (Martin) et moi nous décidons à entreprendre notre patron en vue de fixer l’horizon de la soutenance de notre thèse. En effet les carrières dans l’industrie nous attendent, espérions-nous ! Et nous achevons notre 3ème année de préparation du Doctorat d’Ingénieur, qui est la dose reconnue comme normale.

  • Euh ! Bien ! pour vous deux, je pense que vous devriez compléter pendant une année vos travaux, ce qui vous permettrait de soutenir un « Doctorat d’Etat »…

Doctorat d’Etat, c’est quoi ? ça mène à quoi ?

Titularisation en qualité d’assistant 1èr Octobre 1967

Titularisation en qualité d’assistant 1èr Octobre 1967

Nous avions une telle confiance en notre cornac que, j’ai accepté la proposition avant d’avoir des réponses concrètes à ces deux interrogations.

Doctorat d’Etat est le grade universitaire le plus élevé. Il vaut trois hermines sur l’épitoge !

Il est nécessaire pour progresser jusqu’au plus haut dans la hiérarchie universitaire, mais n’est en aucune façon suffisant.

A l’époque, ce n’était pas si clair. Je venais d’être titularisé comme assistant (sous-Lieutenant !) Elles étaient loin les étoiles !

A propos, j’ai pu mesurer, lors de mon départ à la retraite, l’importance de la démarche suggérée dans la notification de titularisation. J’ai pu constater, un demi-siècle plus tard, que la continuité de service ainsi validée avait permis de faire valoir des services de monitorat exercés antérieurement, pendant ma scolarité à l’ENSEM.

* *

*

Il y eu, au cours des mois qui suivirent, un évènement d’une importance majeure pour moi. Il me fut donné la possibilité d’accompagner la promotion sortante ENSEM68 dans leur voyage d’étude en Amérique du Nord. Cette invitation venait à coup sûr des élèves que j’avais encadrés en TD, en TP, je ne dispensais pas encore de cours ! Ah, oui, nous partagions encore, « de vez en cuando ! », des matchs de rugby.

 

La première partie de ce merveilleux voyage fut consacrée à la Pennsylvanie et au Washington D. C.

Se promener sur les pelouses verdoyantes devant la Maison Blanche est en soi facteur d’une immense émotion ! Quand, quelques minutes plus tard, nous nous retrouvons au pied de l’immense fauteuil de marbre blanc dans lequel trône la statue d’Abraham Lincoln, qui regarde le long miroir aquatique placé dans l’alignement du mémorial des combattants de la dernière guerre (Mondiale) et de l’obélisque, monument à Georges Washington. La journée vous parait déjà dans toute son exceptionnalité.

 

Un saut dans le bus qui nous fait traverser le Potomac, ce fleuve au nom légendaire ! Et nous voilà au cimetière d’Arlington, vous savez, un de ces cimetières dans lesquels vous prend l’envie d’y habiter, tellement les pelouses sont vertes, les arbres judicieusement répartis et les allées couvertes de ce gravier qui crisse harmonieusement sous les pneus des interminables limousines noires qui osent s’aventurer dans ce lieu de recueil. Emotion encore lorsque je découvre la flamme éternelle à J.F. Kennedy et très proche la tombe de Robert dont le sol semble encore avoir été fraichement remué !

Quinze jours avant mon mariage religieux, nous allions, Béatrice et moi, de Nancy à Attigny pour conclure avec mes futurs beaux-parents les ultimes arrangements de cette union du péché ! Nous fîmes halte à Mirecourt pour un achat impératif que mon addiction au tabagisme m’imposait… Mirecourt par parenthèse est le lieu de l’institution religieuse dans laquelle Béatrice a effectué sa scolarité secondaire !!!

Là, dans le petit bureau de tabac où j’allais effectuer mes nécessaires emplettes, un maigre poste de télévision, fiché au-dessus des étalages de produits tentants, proclame l’assassinat à Dallas de J.F.K. C’était le 22 novembre ! Nous nous mariâmes le 11 Décembre à Attigny. Ces évènements nous rapprochent !

Si vous avez lu le tout début de mon aventure dans ce monde, vous avez compris que l’apparat militaire ne m’est pas étranger. La relève de garde près les tombes de ces deux frères martyrs est un spectacle fascinant. A la rigueur et au sérieux du maniement d’armes, propre aux armées françaises, ces américains ont réussi à adjoindre la pitrerie clownesque qui confère à la cérémonie une pointe ludique éloignant la mélancolie du moment.

 

Nous poursuivîmes de nuit, autant que je me souvienne, jusqu’à Québec, avec une impasse sur Toronto et Montréal.

Le château de Frontenac impressionne, les fortifications autour de la vieille ville, les plaines d’Abraham, plus tard je réaliserai combien la ville de Québec est un coin d’Europe immergé dans la Nord Amérique !

La suite du voyage « d’Etude » fut consacré au lac Saint Jean, nous fumes accueillis à Chicoutimi où se situait l’antenne universitaire de l’Université de Québec. De là ce fut le tour du lac Saint jean, avec la nécessaire visite de Val Jalbert et de son village fantôme, restes d’une petite cité ouvrière, érigée au début du 20ème siècle autour d’un moulin de pâte à papier, désertée dans les années 20, après la fermeture de l’usine à pulpe. Le site fut valorisé par la suite en qualité de curiosité touristique du Québec et particulièrement du Saguenay-Lac Saint Jean.

 

Nous nous rendîmes au débouché du fjord du Saguenay sur le Saint Laurent. Objectif de l’étape : découvrir les baleines. Baie Sainte Catherine, Tadoussac…

La fin de ce périple de trois semaines en Amérique du Nord, Côte Est, fut un retour en solitaire, avec deux journées à New York avant de prendre l’avion de retour pour la France.

J’ai choisi de trouver une chambre d’hôtel dans Manhattan, 72ème rue à l’est de Central Park.

Le lendemain fut une interminable journée de marche et de métro du Nord (presque) au Sud de Manhattan.

Je dis « presque » au Nord de Manhattan car souvenons-nous que ce périple s’est déroulé en aout 1968 et au Nord de Manhattan se situe Harlem ! Il n’était pas question de voir un « blanc » déambuler dans le quartier en ces heures et en ce lieu.

En début de matinée, je décide de me rendre en Métro à la pointe sud de l’ile, dans l’espoir de voler une vue de la Statue de la Liberté. Par hasard, au cours de ce premier trajet métropolitain, j’engage la conversation avec une jolie jeune fille, nous l’appellerons « Lisa », qui semble comprendre mon étrange English-Pidgin, me dit travailler au service des relations publiques de la ville de New York, en charge de la facilitation du tourisme urbain ! Me voilà, par le plus grand des hasards, doté d’un joli guide qui ne s’appelait pas « Magalie ».

Dès la sortie du Métro, nous marchons vers Battery Park et là, par chance, la brume matinale se lève et nous dévoile la magique statue. Bravo Bartholdi ! je verrais bientôt le Lion de Belfort, j’avais sous les yeux la « Statue de la Liberté ».

A propos du lion de Belfort, il me revient que j’ai validé en France mon permis de conduire, vaillamment conquis en 1958, nous le savons, à Brazzaville, par une épreuve de conduite qui s’est déroulée en 1961, à Paris, dans le XIVème Place Denfert Rochereau, sous la reproduction du lion de Belfort !

Une longue promenade vers le nord à travers les immenses buildings. L’Empire State Building était alors encore la vedette… Y suis-je monté ? je ne saurais l’affirmer.

Puis ce fut encore le Subway pour nous rendre à Central Park où, après une promenade à travers les merveilleuses allées de cette campagne, cachée au centre de la plus grande ville du monde, il nous fut possible de prendre une collation de mi-journée…

La toute fin d’après-midi me trouva, seul cette fois, du côté de Greenwich Village où je réussis à trouver un restaurant. Puis retour à mon hôtel, complètement fourbu, mais les yeux pleins d’étoiles…

Le dernier jour s’est passé dans les environs de Broadway et de la 5èmeAvenue pour faire du lèche vitrines et réaliser les quelques achats que me permettaient les quelques dollars non encore brulés !

A ce propos, d’aucuns pourraient se questionner quant à la présence éternelle, au fond du présentoir de la salle de séjour, d’une petite maquette rustique d’un fier trois mats, tout de bois de bouleau y compris les voiles ! C’est l’un de ces objets ramenés de ces outres mers.

* *

*

C’était un fameux trois mats….

C’était un fameux trois mats….

Années 1968-69

Cette année s’apparente à la traversée d’un très long tunnel particulièrement sombre. Si les taches pédagogiques ordinaires ne me posent aucun problème particulier, il n’en est pas de même de la rédaction de mon mémoire de thèse. C’est un camarade du laboratoire, récemment titulaire d’un Doctorat d’Etat, qui a été mandaté par le Patron pour m’aider dans cette tâche délicate. Bernard Py fut ma béquille en cette occasion. Il s’agit de rendre savante la présentation du modèle mathématique qui soutant la thèse que je présente…

 J’ai déjà évoqué l’immense émotion que fut pour moi la soutenance de ce Doctorat. Je l’ai narré dans le Tome 2 : (VDF) Chapitre1 Vie de famille : La grande aventure. Ce fut en effet pour moi une étape familiale plus que professionnelle.

Soutenir, dans sa spécialité scientifique, le diplôme du plus haut niveau académique possible est l’expression d’un aveu crucial ; J’ai fait mon maximum et je ne pouvais pas plus !

Quand un demi-siècle plus tard on jette sur son manuscrit de thèse un regard curieux et dubitatif une réflexion nous vient « Comme j’étais encore Petit ! ».

Sur la forme du texte, au-delà des contingences d’édition de l’époque que j’ai déjà évoquées, la difficulté de rédaction me revient… Dyslexique depuis toujours, en conséquence extrêmement nul en orthographe, depuis mes débuts je détestais les moyens d’expression écrite… Quels mérites je reconnais à mes tuteurs d’avoir eu le courage de lire mes textes, de me les avoir faits corriger jusqu’à les rendre enfin lisibles…

J’ai repris goût à l’expression écrite, grâce à l’enseignement, en effet, j’ai toujours accompagné mes cours, après une répétition de deux années au moins, d’un texte enfin lisible, que je distribuais généralement aux élèves qui le souhaitaient. Le souci d’être intelligible a toujours présidé à mes efforts pédagogiques et je n’ai pas le souvenir d’avoir été questionné abusivement sur tel ou tel point.

Lorsqu’en septembre 1983, de retour de trois années universitaires passées au Cameroun, j’ai repris mon enseignement de Mécanique du Solide à l’ENSEM, j’ai constaté que mon polycopié était toujours distribué aux élèves. La collègue qui avait assuré l’intermède n’avait pas éprouvé le besoin d’y apporter correction ! On a toujours besoin d’être rassuré !

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